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Après une année cauchemardesque pour les vignobles français où la pandémie a vu les revenus plonger et les vignerons contraints d’envoyer leurs vins invendus aux distilleries, parfois pour être transformés en désinfectant pour les mains, le secteur tente de rebondir.
A Bordeaux, épicentre du marché mondial des vins fins, le vin récolté dans cette période difficile vient de traverser sa et écope campagne, souvent appelée « wine futures » en anglais.
le scoop Le système remonte au XVIIIe siècle et a été modernisé dans les années 1970 pour ressembler à ce que nous connaissons aujourd’hui. A l’instar des contrats à terme sur les marchés financiers, il permet aux producteurs de vendre leur vin alors qu’il est encore en barrique. Le vin est ensuite fini, mis en bouteille et livré aux clients environ deux ans plus tard.
Cette campagne est menée comme un système finement organisé. Chaque année, pendant une semaine au printemps, des œnologues viendront à Bordeaux pour déguster les vins et publier leurs notes et notes. S’ensuit une période de deux mois pendant laquelle chaque château vend son vin aux consommateurs via un système complexe de courtiers, commerçants et marchands.
Cette machine bien huilée est néanmoins sujette à beaucoup d’incertitudes, qui vont au-delà de la pandémie actuelle. C’est parce que scoop la vente implique un millésime inachevé de qualité incertaine libéré dans une future économie inconnue.
Comment les marchands de vins valorisent-ils ce vin inachevé ? Et quel est le juste prix pour un millésime comme 2020 ? Nous avons construit un modèle économique pour simuler des prix de sortie raisonnables pour la campagne en cours.
Campagnes précédentes
A Bordeaux, la demande et donc les prix dépendent principalement de la qualité et moins de la quantité. Après une baisse des prix entre 2011 et 2016, le marché bordelais a rebondi en 2016 grâce à un grand millésime 2015. Cela a été suivi d’une année 2016 encore meilleure, pour laquelle les prix ont augmenté de manière substantielle mais pas excessivement.
En 2017, les vignobles ont été touchés par un gel sévère qui a fait chuter de 40 % la récolte de vin. La baisse des quantités a incité les châteaux à maintenir des prix proches de 2016 malgré la qualité. De mauvaises ventes ont ainsi caractérisé sans surprise le 2017 scoop campagne.
Le millésime 2018, vendu comme exceptionnel, a connu des hausses significatives, même si les niveaux de prix étaient déjà très élevés. Si la qualité aurait dû générer une demande solide, ce n’était pas le cas – la faute aux châteaux d’être trop gourmands.
L’année dernière, la pandémie et les blocages associés ont presque conduit à l’annulation de la scoop campagne pour le millésime 2019. Finalement, une version ajournée et abrégée a eu lieu. Peut-être étonnamment, et grâce à une qualité exceptionnelle et des prix raisonnables, ce fut un succès.
La pandémie oblige les châteaux à faire un effort sur les prix. C’est là que réside la difficulté de ce marché : les vendeurs ont dû baisser les prix pour assurer une campagne réussie tout en faisant attention à ne pas envoyer un signal trop fort au marché au risque de rendre invendables les nombreux vins de 2017 et 2018 encore disponibles.
Retour à la normale?
Le millésime 2020 bénéficie de conditions extérieures plus favorables que 2019, mais il est encore difficile de parler de normalité. Cette année, des dégustations ont eu lieu à distance avec des échantillons envoyés à des experts du monde entier. Dégustateurs et producteurs se sont rencontrés en visioconférence.
Pendant ce temps, les restaurants en France ont été complètement fermés entre octobre 2020 et juin 2021 et ne font que reprendre leurs activités. L’incertitude quant à la reprise économique reste élevée.
Pourtant, la situation s’est améliorée depuis l’année dernière, les prix des vins fins sont restés solides et la qualité du millésime 2020 s’annonce excellente. Il y aura quelques grands vins qui seront au cœur du marché lors de leur sortie. Mais on ne sait pas comment le marché réagira à cette succession unique de trois excellents millésimes consécutifs. Ceci est sans précédent et pose la question de la capacité du marché à absorber aussi rapidement un volume aussi considérable de vins de qualité.
Comment déterminer un prix juste
Dans une étude à paraître, nous avons proposé un modèle pour estimer le juste prix de 69 vins prestigieux de Bordeaux au moment de leur sortie. L’approche envisagée repose sur le principe que les prix sur les marchés primaires (scoop) et les marchés secondaires (bouteilles de millésimes antérieurs) ne peuvent être substantiellement différents.
Le modèle comprend des variables mesurant la situation économique, la qualité du millésime et du vin concerné, et sa volatilité (certains vins ont des prix stables alors que d’autres fluctuent fortement).
Ci-dessous nous utilisons ce modèle pour estimer les justes prix de ces vins pour le millésime 2020 et les comparer à ceux déjà sortis dans le scoop marché avant le 7 juin. Le modèle permet d’expliquer environ 80 % des variations de prix de ces vins.
Le modèle suggère qu’une stabilisation des prix par rapport au millésime 2019 serait raisonnable. Et compte tenu des circonstances exceptionnelles entourant la sortie du millésime 2019, une légère augmentation (de l’ordre de 5% à 10%) des prix sur 2020 par rapport à 2019 semblerait logique.
Ce tableau présente les justes prix de sortie – selon notre modèle – et les contraste avec les prix réels des vins, tous deux en euros. Tous les vins sauf un ont été commercialisés à des prix supérieurs aux prévisions du modèle. Mais les différences sont souvent raisonnables.
Jean-Philippe Weisskopf, Philippe Masset.
Pourtant, certains vins semblent très chers par rapport à la prédiction de notre modèle, notamment Château La Mondotte de la célèbre région de Saint-Emilion et Léoville-Barton et Lagrange de Saint-Julien. Certains vins qui avaient drastiquement baissé leurs prix l’année dernière n’ont pas beaucoup augmenté cette année. C’est le cas de Malartic-Lagravière à Pessac-Léognan qui, après une baisse de plus de 20 % l’an dernier, se contente d’une hausse de 9 % cette année.
A ce stade, la plupart des hausses de prix pour le millésime 2020 restent modérées, ce qui est cohérent avec le modèle. Il suggère que les hausses de prix les plus significatives par rapport au millésime 2019 ne devraient pas dépasser 10 %, à l’exception de quelques vins comme les rares Pomerols et certains des premiers crus.
Parmi les vins qui ont déjà terminé la scoop campagnes, certains ont augmenté leurs prix au-delà du seuil suggéré. Les premiers signes du marché suggèrent que les augmentations sont excessives et ont réduit la demande pour ces vins.
Avec l’afflux des grands crus à Bordeaux et ailleurs en Europe, il serait judicieux que les châteaux qui n’ont pas encore communiqué leurs prix ne soient pas trop gourmands et maintiennent des prix attractifs pour assurer une campagne réussie. Ce serait le meilleur moyen de faire rebondir Bordeaux après la pandémie.
Jean-Philippe Weisskopf est professeur agrégé de finance à l’École hôtelière de Lausanne, Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) à Delémont, en Suisse. Philippe Masset est Professeur associé à la HES-SO. Cela a été publié pour la première fois par The Conversation – « Comment les vignerons de Bordeaux fixent leurs prix après la pandémie ».
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