Le regard du Guardian sur le grand jeu du G7 : les talibans règnent à Kaboul | Éditorial

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jet en dit long sur le monde d’aujourd’hui qu’un président américain s’inquiétait davantage de la faiblesse des talibans que de ses alliés occidentaux. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont demandé à Joe Biden de continuer à évacuer les civils de Kaboul après la date limite qu’il s’était imposée du 31 août. Mais les États-Unis ont rejeté ces demandes. M. Biden voulait mettre fin aux scènes télévisées chaotiques d’Afghanistan qui ont nui à ses notes dans les sondages nationaux. Mais il a également admis que les nouveaux dirigeants de Kaboul ne pouvaient pas se permettre de paraître faibles devant leur rival Isis, qui cherche une occasion d’embarrasser son homologue taliban.

Le pont aérien de l’ouest sera donc terminé d’ici mardi prochain. C’est le peuple afghan qui paiera le prix le plus élevé des ambitions défaites de l’Occident pour son pays. Ils doivent maintenant vivre sous le régime des talibans pour la deuxième fois. Il n’y a aucune garantie qu’une guerre civile acharnée soit terminée. L’ampleur de l’échec de l’Occident n’est pas seulement que les plus grandes économies du monde échoueront presque certainement à évacuer tous ceux qui étaient employés par ses armées et ses diplomates. C’est que nous avons laissé tomber une génération d’Afghans urbains, en particulier des femmes, qui ont grandi en croyant que leur vie serait meilleure que celle de leurs parents.

L’Afghanistan fait face à une série de crises qui mettraient à l’épreuve les technocrates les plus compétents. Pourtant, à la tête du pays se trouve la direction la plus obscurantiste du monde. Le Covid a un long chemin à parcourir en Afghanistan, mais seulement 2% de la population a été vaccinée. Les talibans luttent contre l’idée de femmes médecins travaillant dans les hôpitaux, sans parler de la façon de lutter contre le coronavirus. Une sécheresse a provoqué la famine dans les régions rurales du pays, mais les nouveaux dirigeants afghans considèrent le travail humanitaire comme l’apanage des organisations caritatives plutôt que de l’État.

Les talibans n’ont pas l’habitude de légiférer dans un cadre politique et juridique sophistiqué, en particulier celui modelé sur les démocraties occidentales. La dernière fois qu’ils dirigeaient le pays, l’économie monétaire n’existait pas. Dans la banque centrale afghane, il y a plus de deux décennies, les talibans ont installé des commandants militaires. L’un est mort sur le champ de bataille alors qu’il était encore gouverneur de la banque.

Le modèle économique occidental pour l’Afghanistan était, au mieux, un travail en cours. Le pays est devenu dépendant de l’aide internationale, tandis que les taux de pauvreté sont passés d’un tiers de la population à plus de la moitié. À moins que quelque chose d’extraordinaire ne se produise, l’aide étrangère se tarira, laissant les talibans non seulement incapables de payer les salaires du gouvernement, mais aussi sans les ressources nécessaires pour couvrir la facture des importations de l’Afghanistan. Les États-Unis refusant de remettre les réserves de dollars de Kaboul, la valeur de la monnaie afghane risque de s’effondrer, déclenchant une spirale des prix. L’inflation et la pénurie ne sont pas exactement des bases solides sur lesquelles fonder la stabilité d’un régime.

On ne peut pas importer développement, ne l’encourageons que de l’intérieur. Deux pays asiatiques qui se sont relevés en se débarrassant de la tutelle extérieure – le Vietnam et le Bangladesh – montrent qu’il est possible de sevrer un pays de l’aide étrangère de manière substantielle en créant une base industrielle. Le nouveau régime de Kaboul est plus susceptible de se rabattre sur la production d’opium, confirmant son statut de paria mondial tout en diminuant davantage la capacité de production du pays.

La complexité de l’Afghanistan – sa mosaïque d’ethnies, de traditions et de gouvernance minimale – le rend difficile à comprendre. Le G7 pourrait être en mesure d’utiliser une approche de la carotte et du bâton avec les talibans. Il pourrait offrir de l’argent en échange au groupe respectueux des droits de l’homme ou menacer de sanctions si Kaboul ne tient pas ses promesses. Le monde, en fin de compte, devra s’adapter à l’intérêt américain pour l’Afghanistan en prenant des proportions plus conventionnelles. Washington surveillera à l’avenir les menaces djihadistes et cherchera à préserver l’équilibre politique à Kaboul. Ce qui a disparu, c’est la dernière tentative d’imposer une nouvelle société afghane sur l’ancienne.


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