Maurice Louca : avis de Saet El-Hazz – une beauté transcendante dans une raquette impie

UNE Figure incontournable de la scène musicale expérimentale du Caire, le guitariste Maurice Louca est néanmoins plus souvent vu se produire hors d’Egypte. Travaillant avec des groupes tels que Lekhfa, Orchestra Omar, Alif, Bikya et les Nains d’East Agouza, son travail englobe l’électro exploratoire, le dub psychédélique, l’avant-jazz et le shaabi égyptien.

Son dernier album le voit faire équipe avec une formation libanaise extraordinaire appelée le « A » Trio, qui crée une raquette impie avec des instruments acoustiques. Mazen Kerbaj joue de sa trompette à travers divers tubes et tuyaux d’arrosage, déplaçant l’attirail de cuisine autour de la cloche de son instrument pour créer des effets surnaturels. Le contrebassiste Raed Yassin et le guitariste Sharif Sehnaoui frappent et coupent les cordes de leurs instruments avec des détritus, notamment des chevilles et des trombones. Les craquements, les hurlements et les drones du trio ressemblent à un générateur électrique défectueux ou à un groupe de synthés steampunk.

Pochette de l’album Saet El-Hazz

Jouer d’une guitare acoustique qui a été adaptée par un luthier d’Istanbul pour jouer de l’arabe maqam gammes, Louca utilise intelligemment le trio « A » pour fournir un accompagnement coloristique. Sur le morceau d’ouverture, le trio crée des sons qui évoquent un Tardis prenant son envol tandis que Louca joue une valse teintée de flamenco à la guitare ; huit minutes plus tard, les musiciens sont montés dans un royaume paradisiaque, un enchevêtrement de riffs de guitare ressemblant à du oud, de cloches, de basse à archet et de cymbales chatoyantes. L’hypnotique Higamah (Hirudinea) voit Louca et Sehnaoui jouer de leurs guitares comme des sitars – toutes notes courbées et slides de goulot d’étranglement – ​​tandis que la contrebasse de Yassin fournit un bourdon de type tanpura.

Le meilleur de tous est El-Gullashah (Foul Tongue), où l’interaction entre la guitare de Louca et la contrebasse de Yassin ressemble à celle de Bert Jansch et Danny Thompson dans Pentangle, complétée par un solo de sax alto freakout de Devin Brahja Waldman et quelques lignes de violoncelle de Anthéa Caddie. Ce qui pourrait, sur le papier, être une musique provocante « difficile » devient d’une beauté transcendantale.

Sortie aussi ce mois-ci

L’excellent Resonance Lines (Sono Luminus) voit le violoncelliste américain Hannah Collins interpréter des œuvres en solo qui unissent l’ancien et le moderne, dont une pièce de Caroline Shaw inspirée d’un motet de Thomas Tallis. Cameron Greider et Jack Petruzzelli sont des guitaristes de session spécialisés dans le surf rock et le western swing, mais Ravel & Bartók (Sono Luminus), leur dernier album sous le nom de Haut Bas Duo, organise astucieusement 11 beaux thèmes impressionnistes pour guitare électrique. Richard Stenton et Zach Dawson, duo alias Birmingham 7Balcon, créez des paysages sonores d’un autre monde à l’aide de synthétiseurs vintage et d’enregistrements sur le terrain. Leur premier album éponyme (NMC Recordings) est précis et métrique, faisant référence à la musique dévotionnelle ancienne et à la science-fiction dystopique.

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