Critique de I Love You But I’ve Chosen Darkness de Claire Vaye Watkins – échappatoires

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« JE voulait », dit la narratrice du deuxième roman de Claire Vaye Watkins, « se comporter comme un homme, un peu méchant » – et s’il y a jamais eu une phrase à mettre sur un tote bag, c’est bien celle-ci. Quelle femme n’a parfois pas rêvé d’adopter le genre de médiocrité souriante que les hommes tiennent pour acquise ? Mais ce qui est médiocrité chez un homme est impardonnable chez une femme ; pire si elle est aussi mère. Et ainsi nous nous retrouvons enfermés par les circonstances ; et plus les circonstances sont mauvaises, plus la boîte est petite. C’est le territoire qu’explore Watkins, et elle le fait avec force, résistant au besoin de sentimentaliser ou de s’excuser.

Peu de temps après la naissance de son premier enfant, la narratrice du roman sort de chez elle, prenant son tire-lait, mais laissant derrière elle son mari et sa fille. Quittant aussi sa vie d’universitaire de la classe moyenne pour retourner dans la Californie dans laquelle elle a grandi, un lieu de pauvreté chaotique et de casinos, d’OxyContin et de coyotes et de désert. Le nom de cette narratrice implosante, cela devient évident, est Claire Vaye Watkins. Fictional Watkins partage au moins quelques détails biographiques avec l’auteur Watkins – une mère appelée Martha; un père qui a d’abord procuré des filles pour, puis a témoigné contre, Charles Manson – et pourtant c’est incontestablement un roman. C’est une marque de la confiance de Watkins qu’elle affiche son matériel source si effrontément, et je l’aimais pour ça. La question de l’imaginaire féminin semble parfois fastidieusement inéluctable, le tag d’autofiction si facilement appliqué, que trouver un auteur qui aborde le problème de front est revigorant. Il prévient également l’interrogation, obligeant le lecteur à se concentrer sur ce qui se trouve devant lui. Et ce qui en ressort est une étude de la douleur intergénérationnelle.

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Bien que le roman se concentre sur les femmes, c’est la pauvreté, plutôt que le patriarcat, qui est présentée comme le mal central, et Watkins écrit clairement sur le fait qu’acquérir de l’argent n’atténue pas automatiquement l’héritage d’une enfance difficile. Presque tous les personnages qui entrent et disparaissent sont endommagés d’une manière ou d’une autre par la pauvreté chronique et les charognards qui l’accompagnent : une mauvaise prestation de services, une industrie du jeu prédatrice, la crise des médicaments sur ordonnance. Dans l’une des sections les plus obsédantes du livre, la mère de Claire, après des années d’abstinence, se fait prescrire par hasard des opiacés pour la maladie de Lyme, qui a longtemps été considérée comme de l’hystérie, et perd rapidement le contrôle de sa vie. L’exception est Rust, l’ami d’université du narrateur, qui, isolé par la richesse passée et présente, trouve une joie parfaite dans l’action douce de son distributeur automatique d’essuie-tout – un détail qui m’a fait rire et grimacer à la fois. Pourtant, les hommes, même les bons, transmettent leurs souffrances aux femmes, s’attendant à être soignées à la fois. « J’étais déterminée à sortir de l’université sans être violée », dit Claire, « un objectif réel que j’avais » – mais elle ne peut y parvenir qu’en faisant un tour de passe-passe, en choisissant de présenter autre chose le temps que son petit ami, « pas du tout violente mais aussi sans relâche », la retient. C’est, semble-t-elle, comment tant de femmes survivent – grâce à un refus obstiné de devenir une victime, ce qui est très différent de ne pas être blessé.

Il y avait des parties que j’ai trouvées moins convaincantes. Lorsque Claire parle à ses amis de fac, l’écriture perd un peu de son pouvoir. Peut-être que l’intention était de montrer un échec de connexion ; si c’est le cas, ça n’a pas tout à fait fonctionné pour moi. Les lettres d’adolescents de la mère du narrateur à un cousin ajoutent peu à l’orientation du livre et sont présentées dans l’ordre chronologique inverse, un léger faux pas dans un roman qui est par ailleurs impeccablement lisible, malgré sa structure épisodique. D’un autre côté, Watkins est excellent sur la qualité émoussée de la dépression, la façon dont elle peut rendre à la fois lucide et insouciant. Une section dans laquelle Claire énumère ses problèmes, allant de ne pas pouvoir trouver son téléphone à ne pas pouvoir saisir à quel point la mort est définitive, se termine : du tout. » Elle est également douée sur la façon dont avoir un enfant peut donner l’impression d’être brisé. « La maternité m’avait fait craquer en deux… La femme qu’ils admiraient, qui avait écrit les livres qu’ils aimaient ou du moins dont ils avaient entendu parler, ne serait-ce qu’aujourd’hui, était de l’autre côté d’un canyon. »

Au début, j’avais identifié ce livre comme de la colère, mais j’ai eu du mal en lisant à caractériser la qualité de cette colère – jusqu’à ce que je réalise que ce que j’avais pris pour de la fureur était autre chose. I Love You But I’ve Chosen Darkness est un roman non pas de rage mais de tristesse incandescente, rayonnant de chagrin pour les perdus, les endommagés, les laissés pour compte. Il est remarquablement clairvoyant. Tout en présentant les causes de la crise de Claire, Watkins ne confond jamais le contexte avec l’excuse. Ce qu’elle propose à la place, c’est de la compassion et la suggestion que, pour ceux qui ont la chance d’avoir l’option, il est possible que la seule issue soit de passer par là.

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