Critique de Songs for Drella – voyage étonnamment émouvant dans Warhol

Long pensé perdu, ce film magnifiquement minimaliste réalisé en 1990 enregistre la première réunion sur scène des anciens camarades du groupe Lou Reed et John Cale, co-fondateurs de l’immortel groupe des années 1960, le Velvet Underground, alors qu’ils interprètent, sans public, leurs chansons pour Drella album à la Brooklyn Academy of Music. La plupart du temps, les chansons canalisent la voix d’Andy Warhol, l’ancien manager et producteur des Velvets (bien que le groupe conteste son apport réel), décédé trois ans plus tôt. En effet, Cale et Reed ont conçu ce projet pour la première fois lors du service commémoratif de Warhol, où ils se sont rencontrés après une longue séparation.

De cette rencontre est né un album remarquable et acclamé et, accessoirement, ce film, auparavant uniquement disponible sur VHS et LaserDisc. On croyait le négatif perdu mais il s’avère qu’il n’a été qu’égaré ; Le réalisateur-directeur opérateur Ed Lachman a trouvé le négatif 16 mm dans le grenier proverbial alors qu’il travaillait avec Todd Haynes sur le documentaire de ce dernier sur le Velvet Underground, sorti l’année dernière.

Le tout concerne la mémoire et la récupération dans un sens très littéral. Les chansons elles-mêmes, magnifiquement présentées ici, doivent être parmi les éloges les plus honnêtes de l’histoire de la musique pop, capturant comme elles le font les nombreuses facettes de Warhol, pas toutes agréables. L’ambivalence est là dans le titre, s’inspirant du surnom du cercle intérieur pour Warhol (Drella = Dracula + Cendrillon). C’était une poignée que Warhol lui-même n’aimait pas, mais qui capture ce que des ennemis comme Cale et Reed considéraient comme sa relation vampirique avec les autres. It Wasn’t Me, par exemple, fustige implicitement le refus de Warhol d’assumer la moindre responsabilité pour ceux qui sont nés dans le sillage de sa Factory, abattus par suicide ou par overdose.

Et pourtant, Cale et Reed chantent également de leur propre voix, changeant de perspective pour dire au revoir à une figure irremplaçable de leur vie qu’ils ont également admirée et aimée à un moment donné. Ne vous attendez pas à des larmes, bien sûr : les deux hommes semblent stoïques, contrôlés et tendus tout au long de cette performance chargée. Ils verrouillent les yeux les uns avec les autres pour s’assurer qu’ils sont littéralement synchronisés; pas par douleur partagée ou par amitié ou quoi que ce soit d’humide comme ça. Comme une chanson cite Warhol : « Tout ce qui compte, c’est le travail.

Songs for Drella est disponible le 17 avril sur Mubi.

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