Opinion: diaboliser la probable coalition au pouvoir en Italie en la qualifiant de « fasciste » n’aidera pas les forces pro-unionistes à gagner le débat

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ROME (Project Syndicate) – L’Italie pourrait bientôt être dirigée, pour la première fois de son histoire d’après-guerre, par un parti ayant des racines dans les détritus du mouvement fasciste de Mussolini. Si la Frères d’Italie (« Frères d’Italie ») se retrouve à la tête de la coalition gouvernementale, comme il semble probable qu’après le vote du 25 septembre, la politique européenne sera profondément modifiée.

Giorgia Meloni, la dirigeante charismatique du Fdl, a été accusée d’être une « néo-fasciste », et le Fdl et le deuxième membre de sa coalition, Lega, ont été qualifiés de « populistes ». Les deux étiquettes manquent le point. Oui, ces partis ont exploité le mécontentement bouillonnant de certains électeurs et ils adopteraient une position ferme en matière d’immigration et de sécurité. Mais les Frères ne cherchent guère à bouleverser la démocratie libérale.

Construire une fondation pour le droit

Les ambitions de la FdI sont ailleurs. Reconnaissant que la clé du succès des deux grandes familles politiques européennes, les démocrates-chrétiens et les socialistes démocrates, a été leurs cultures politiques et éthiques bien développées, les Frères cherchent à jeter des bases similaires pour la droite, lui permettant ainsi de gagner et de conserver pouvoir bien dans le futur. C’est le défi insidieux auquel la pensée progressiste doit faire face.

«  En tentant de « conserver » les systèmes existants et de définir les identités par l’ethnicité et la religion, plutôt que par des affiliations politiques ou culturelles plus larges, le conservatisme joue sur les peurs des gens et les divise plutôt qu’il ne les unit. L’intégration culturelle et politique doit être remplacée par des politiques qui exacerbent la marginalisation des groupes vulnérables et ne parviennent pas à relever des défis largement partagés.

Les objectifs de la FdI s’étendent au-delà de l’Italie ; les Frères espèrent remodeler la politique européenne. Meloni dirige également le Parti des conservateurs et réformistes européens, qui comprend des dizaines de formations de droite, dont Droit et Justice en Pologne, Vox en Espagne et les Démocrates suédois.

Sur quels piliers reposerait le nouvel édifice intellectuel de la droite ? Dans une récente interview, Meloni a exprimé son admiration pour feu le philosophe britannique Roger Scruton, un conservateur qui n’était ni fasciste ni populiste, et dont les opinions – comme celles de Meloni – ne peuvent être clairement classées comme pro-État ou pro-marché. Pour les deux, le marché libre est une institution nécessaire, mais le pouvoir de monopole doit être limité par la réglementation.

Scruton ne s’est pas non plus fondamentalement opposé à l’Union européenne. Il estime qu’un système de coopération transeuropéenne est nécessaire, mais qu’il ne doit pas se faire au détriment de la souveraineté nationale dans tous les domaines qui comptent. De même, une coalition dirigée par le FdI ne chercherait pas à sortir de l’UE ou de la zone euro EURUSD,
+0,30%.
Au contraire, les Frères envisagent l’UE comme une confédération lâche d’États souverains, plutôt qu’une « union toujours plus étroite », avec des aspirations à devenir un État semi-fédéral. Nationalisme et conservatisme vont de pair.

Question d’amour, pas d’idéologie

Dans une interview en 2019, Scruton a expliqué que, pour lui, le conservatisme ne consistait pas à « remettre les choses » comme elles étaient dans le passé, mais à « les conserver », et que ce n’était pas une question d’idéologie, mais d’amour. « Il y a des choses qui sont menacées et vous les aimez, alors vous voulez les garder… Nous avons quelque chose, ce pays et ses institutions et notre façon d’être, et c’est à cela que nous nous accrochons. »

Qu’est-ce que les Européens aiment ? L’un des points de discussion de Meloni est que notre identité est définie par notre communauté. Un sentiment d’appartenance, d’appartenance sociale, est central pour déterminer ce que nous « aimons » et nous permettre de nous exprimer. C’est la base de la liberté.

Cette vision a des origines nobles, ayant été façonnée par les idées des plus grands philosophes, notamment Georg Wilhelm Friedrich Hegel, mais aussi Karl Marx et Adam Smith. Mais cela ne conduit pas nécessairement au conservatisme, ni ne signifie que l’identité doit être définie en termes nationaux.

La conception de l’UE par la FdI représente une rupture nette avec le passé : le leadership italien, comme celui des autres membres principaux de l’UE, a traditionnellement soutenu une intégration plus profonde, malgré des désaccords sur le rythme et les modalités. Et c’est une rupture qui surviendrait à un moment où une coopération plus approfondie – impliquant inévitablement des compromis sur la souveraineté nationale, comme dans l’énergie et la politique étrangère – est absolument nécessaire.

Presque tous les impératifs les plus urgents auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui exigent une forme de capacité de prise de décision centralisée et des politiques qui tiennent compte de la nature régionale ou mondiale des biens publics, notamment le climat, la santé, la stabilité financière et la sécurité énergétique. En conséquence, le chevauchement entre le lieu du pouvoir décisionnel et le corps politique s’est amenuisé.

Concevoir de nouvelles formes de gouvernance qui permettent l’interopérabilité des différents niveaux de gouvernement et donnent la parole à la société civile – combinant ainsi une approche descendante et une approche ascendante – est le principal défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, et pas seulement dans l’UE. Au contraire, l’UE peut être considérée comme une expérience en cours qui peut aider à guider les autres vers un modèle efficace.

Diviser plutôt qu’unir

Les nouveaux conservateurs ont raison d’une très grande chose : sans société européenne, le projet d’une « union toujours plus étroite » repose sur une base fragile. Mais la solution n’est pas d’arrêter, et encore moins d’inverser, le progrès. Au lieu de cela, nous devons construire une politique capable de soutenir les institutions de gouvernance européenne.

Les forces conservatrices comme la FdI semblent déterminées à faire le contraire. En tentant de « conserver » les systèmes existants et de définir les identités par l’ethnicité et la religion, plutôt que par des affiliations politiques ou culturelles plus larges, le conservatisme joue sur les peurs des gens et les divise plutôt qu’il ne les unit. L’intégration culturelle et politique doit être remplacée par des politiques qui exacerbent la marginalisation des groupes vulnérables et ne parviennent pas à relever des défis largement partagés.

S’il est vrai, comme l’affirment les conservateurs, qu’une vision fonctionnelle de l’UE est vouée à l’échec, il est également vrai que le fonctionnel et le politique interagissent, contribuant à redéfinir les contours du régime. Dans un monde en constante évolution, une compréhension défensive et statique de la communauté conduira inévitablement à l’échec économique et peut nourrir le racisme et les conflits sociaux.

Pourtant, c’est précisément cette compréhension qui semble susceptible de façonner la gouvernance dans le troisième plus grand pays membre de l’UE. Une féroce bataille d’idées attend l’UE, avec des conséquences potentiellement graves pour le processus d’intégration. Pour gagner le combat, les partisans de l’Union ne doivent pas diaboliser les conservateurs comme Meloni et déformer leurs opinions. Au lieu de cela, ils doivent affronter les critiques de front et concevoir des moyens crédibles pour renforcer la politique européenne qui doit exister si le projet européen doit réussir.

Lucrezia Reichlin, ancienne directrice de recherche à la Banque centrale européenne, est professeur d’économie à la London Business School et administratrice de l’International Financial Reporting Standards Foundation.

Ce commentaire a été publié avec l’autorisation de Project Syndicate — The Italian Right Is Coming

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