Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi pour la cinquième manifestation antigouvernementale de ces dernières semaines dans la capitale serbe, Belgrade, après deux fusillades consécutives qui ont tué 18 personnes, dont la moitié étaient des enfants.
Les manifestations « Serbie contre la violence » sont devenues l’un des plus grands rassemblements depuis que des manifestations généralisées ont déclenché la chute de l’homme fort Slobodan Milošević il y a plus de deux décennies.
Les manifestations ont suivi les fusillades de masse du début mai qui ont fait 18 morts et plusieurs blessés. Neuf des morts étaient des élèves d’une école primaire de Belgrade qui ont été abattus par un élève de 13 ans. Un jour plus tard, un homme de 21 ans a tué huit personnes à l’extérieur de Belgrade, ce qui a déclenché un profond mécontentement et des protestations.
Les manifestations ont puisé dans la colère bouillonnante contre le parti au pouvoir face à ce que les manifestants qualifient de culture de la violence attisée par le gouvernement et les médias qu’ils contrôlent.
« Je suis là pour nous tous, surtout mes enfants. Ils n’ont donc pas besoin de manifester, mais de travailler et de vivre dans leur pays comme il se doit », a déclaré à l’AFP Bojana Popovic, mathématicienne de 33 ans, lors du rassemblement.
La manifestation de cette semaine, organisée par plusieurs partis d’opposition pro-européens, était initialement prévue pour vendredi mais a été déplacée par précaution après que des groupes d’extrême droite ont annoncé qu’ils se présenteraient.
Les manifestants demandent également au gouvernement de révoquer les licences de diffusion des chaînes de télévision faisant la promotion de contenus violents et d’interdire les journaux pro-gouvernementaux qui attisent les tensions en ciblant les dissidents politiques.
Ils demandent également la démission du ministre de l’Intérieur et du chef du service de renseignement.
Les rassemblements ont d’abord été calmes, mais se sont transformés en une manifestation antigouvernementale à part entière après que leurs demandes se soient heurtées à de féroces réfutations de la part du président et de ses alliés, qui se sont moqués des rassemblements et ont lancé des insultes aux participants.
Les critiques accusent depuis des années le président serbe, Aleksandar Vučić, de s’appuyer de plus en plus sur des mesures autocratiques pour maintenir l’opposition dans le désarroi et les médias et les institutions de l’État sous sa coupe.
Vučić a qualifié les manifestations de coup «politique» et a colporté des théories du complot sur des puissances étrangères qui auraient orchestré les rassemblements.
Le leader populiste de 53 ans a également rejeté une partie de la demande de l’opposition pour un gouvernement de transition avant de nouvelles élections, affirmant que cela n’arriverait pas « tant que je vivrai ».