La police de Hong Kong a arrêté huit personnes, dont des militants et des artistes, à la veille du 34e anniversaire de la répression de la place Tiananmen en Chine, une décision qui signale la diminution de la liberté d’expression dans la ville.
La police a déclaré samedi soir dans un communiqué que quatre personnes avaient été arrêtées pour avoir prétendument troublé l’ordre dans les espaces publics ou commis des actes avec une intention séditieuse. Quatre autres personnes ont été emmenées pour enquête, soupçonnées d’atteinte à l’ordre public. Les autorités n’ont pas immédiatement répondu à un e-mail sollicitant des commentaires samedi soir.
La répression sanglante de 1989 à Pékin est un sujet très sensible pour les dirigeants communistes chinois, et la commémoration des centaines de morts – selon certaines estimations, plus de 1 000 – a longtemps été interdite sur le continent.
Pendant des décennies, Hong Kong a été la seule ville chinoise à organiser une commémoration publique à grande échelle de Tiananmen, mais la veillée annuelle est interdite depuis l’imposition d’une loi sur la sécurité nationale en 2020.
Autour du quartier commerçant animé de Causeway Bay samedi, des journalistes de l’AFP ont vu la police regrouper plusieurs artistes de la scène – dont certains semblaient ne rien faire – dans des fourgons de police.
Tard dans la soirée de samedi, la police a indiqué que quatre personnes avaient été interpellées « pour troubles à l’ordre public dans un lieu public » et « actes à intention séditieuse ». Quatre autres personnes ont été soupçonnées de « troubles à l’ordre public » et ont été placées en détention « pour aider à l’enquête », a indiqué la police sur sa page Facebook officielle.
La force n’a pas nommé les personnes arrêtées et détenues.
Plus tôt, l’artiste Sanmu Chen avait scandé à plusieurs reprises : « N’oubliez pas le 4 juin ! Habitants de Hong Kong, n’ayez pas peur d’eux ! dans une rue animée de Causeway Bay.
Un officier lui a crié « d’arrêter de commettre des actes séditieux » avant que les autorités ne l’emmènent dans un bus de police.
Une autre artiste de performance bien connue, Chan Mei-tung, a également été emmenée, la police refusant de fournir la raison de sa détention. Chan errait avant d’être arrêtée et fouillée par la police, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Chan a également été arrêté l’année dernière à la veille de l’anniversaire. Son acte offensant l’année dernière a été de tailler une pomme de terre en forme de bougie et d’y tenir un briquet. Avant que l’action ne soit interdite, des milliers de bougies ont été distribuées lors de la veillée annuelle de Tiananmen.
Les médias locaux ont rapporté que deux autres militants bien connus – Lau Ka-yee et Kwan Chun-pong – ont été expulsés de Victoria Park par la police. Des photos publiées montraient que les militants s’étaient couvert la bouche avec du ruban adhésif tout en tenant un morceau de papier.
Il lisait qu’ils jeûnaient « en deuil pour les défunts et les victimes de 64 (4 juin) en respect pour les mères de Tiananmen ».
Des journalistes de l’AFP ont également vu la police détenir un jeune couple vêtu de blanc et tenant des chrysanthèmes blancs – une fleur et une couleur généralement utilisées pour signifier la perte et le deuil.
Lorsqu’on lui a demandé s’ils étaient arrêtés, l’homme aux fleurs a répondu: « Je n’en ai aucune idée. »
Les troupes et les chars chinois ont dispersé des manifestations pacifiques sur la place Tiananmen le 4 juin 1989, écrasant brutalement une vague de manifestations d’une semaine appelant à un changement politique. Pendant des décennies avant son interdiction en 2020, la veillée annuelle aux chandelles dans le parc Victoria a attiré des dizaines de milliers de personnes.
À l’extérieur du parc de Causeway Bay, des artistes donnaient des performances d’interprétation sur la répression et l’effacement apparent des monuments commémoratifs qui se déroulaient sur le continent.
L’organisateur de la veillée, Hong Kong Alliance, et ses dirigeants ont été accusés d' »incitation à la subversion » en vertu de la loi sur la sécurité, qui a été imposée pour réprimer les manifestations massives et souvent violentes en faveur de la démocratie qui ont secoué la ville en 2019.
L’ancien membre de l’Alliance, Chiu Yan-loy, a déclaré à l’AFP que la police l’avait interrogé à plusieurs reprises sur ses plans pour le 4 juin. « Ils m’ont dit à plusieurs reprises de ne pas quitter la maison ce jour-là », a-t-il déclaré.
Samedi, le parc Victoria – qui est bloqué par des barrières métalliques depuis trois ans – a organisé une «foire de la ville natale» lancée par des groupes pro-Pékin pour promouvoir les produits du continent. Il durera jusqu’à lundi.
Il y avait une forte présence policière à Victoria Park et autour de la région de Causeway Bay samedi. Les agents ont arrêté et fouillé les personnes qui se promenaient dans le quartier commerçant animé, tandis qu’un véhicule blindé a été repéré garé devant un centre commercial.
Un artiste de performance, suivi de près par les autorités samedi, a adopté une approche plus silencieuse, portant une chaise pliable pour s’asseoir et prendre un selfie, se déplaçant de rue en rue dans la zone autour du parc.
« Mon idée était que je ne resterais pas immobile à moins que la police ne m’arrête », a déclaré à l’AFP l’artiste, qui s’appelait Tung.
Avant l’anniversaire de dimanche, les responsables ont refusé à plusieurs reprises de confirmer si le deuil public de Tiananmen était illégal, disant seulement que « chacun devrait agir conformément à la loi ».
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a déclaré samedi dans un communiqué que « la bravoure des victimes de la place Tiananmen ne sera pas oubliée », ajoutant que les Etats-Unis « continueraient à défendre les droits de l’homme et les libertés fondamentales du peuple en Chine et dans le monde ». monde ».