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TLa dévastation provoquée par les inondations dans l’est de la Libye n’est rien de moins qu’apocalyptique. À Derna, où deux barrages ont cédé après des pluies torrentielles, un mur d’eau a inondé la ville et arraché les terres sous ses habitants. Des quartiers entiers ont été emportés par la mer, qui déverse désormais des cadavres le long du rivage. Plus de 6 000 personnes y sont mortes et 10 000 personnes seraient portées disparues, mais comme des familles entières ont été emportées par les eaux, il se peut qu’il n’y ait aucun survivant à signaler quelques pertes. D’autres villes et colonies étant également inondées, des dizaines de milliers de personnes sont déplacées.
L’horreur et le désespoir des Libyens n’ont d’égal que leur fureur contre les gouvernements rivaux qui ont divisé le pays et recherché le pouvoir et le profit tout en ignorant les besoins du peuple. La tempête Daniel est une catastrophe naturelle, a écrit Elham Saudi, directeur de Lawyers for Justice en Libye, mais la catastrophe qui s’ensuit « est d’origine humaine : corruption ; manque d’infrastructures; impunité; faire taire les acteurs de première ligne de la société civile… Soyez en colère contre un système qui a permis cette tragédie.
Il est trop tôt pour dire si, ou dans quelle mesure, l’impact terrifiant de la tempête Daniel est lié à la crise climatique. Mais il est clair que le réchauffement climatique augmente la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les inondations. Rien qu’au cours des quinze derniers jours, Hong Kong a connu ses plus fortes précipitations depuis le début des enregistrements en 1884, avec des stations de métro inondées, et en Grèce, des pluies torrentielles ont provoqué des glissements de terrain et l’effondrement des infrastructures. Ces scènes, comme les pluies extrêmes de l’été en Chine, aux États-Unis et en Espagne, entre autres, sont un avertissement de ce qui attend beaucoup plus d’entre nous et soulignent la nécessité de mesures d’atténuation ainsi que de réduction des émissions de carbone.
La Libye montre les conséquences désastreuses lorsque les gouvernements non seulement ne parviennent pas à protéger leurs citoyens, mais les mettent également en danger. Le régime corrompu de Mouammar Kadhafi a été suivi par plus d’une décennie de révolution, de guerre civile et d’impasse politique. Les infrastructures essentielles ont non seulement été négligées – l’un des barrages de Derna n’aurait pas été entretenu depuis 2002 – mais elles ont également été pillées par les puissants et leurs acolytes.
Même lorsque le désastre se profilait, les autorités de l’est de la Libye, contrôlées par le chef de guerre Khalifa Haftar, ont failli à leurs devoirs les plus élémentaires. Comme l’a souligné Anas el Gomati, de l’Institut Sadeq du pays, ce n’est pas comme le tremblement de terre qui a frappé le Maroc sans avertissement la semaine dernière, tuant au moins 2 900 personnes. Les autorités ont constaté l’impact de la tempête Daniel sur la Grèce et ont eu quelques jours pour planifier une évacuation. Certaines personnes auraient reçu l’ordre de partir, mais d’autres auraient reçu l’ordre de rester chez eux alors même que l’eau montait derrière les barrages.
Par la suite, alors que les enfants appellent à l’aide dans les décombres, les efforts de sauvetage et de secours continuent d’être entravés par la politique ainsi que par la destruction des infrastructures essentielles. Il existe un cynisme généralisé quant à la volonté du gouvernement internationalement reconnu de Tripoli et du gouvernement rival de M. Haftar de donner la priorité aux souffrances. Des personnalités clés de la société civile, précisément celles qui pourraient mobiliser les secours, croupissent en prison alors que leurs compatriotes ont besoin d’elles.
Mais il y a aussi de la colère face au fait que la plupart des autres gouvernements semblent lents à réagir à cette catastrophe. Les vastes réserves de combustibles fossiles et les objectifs de sécurité régionale ont encouragé les puissances étrangères à s’ingérer en Libye. L’UE a donné au pays des centaines de millions d’euros pour freiner l’immigration, ignorant les abus effroyables commis par les garde-côtes libyens. Est-il désormais disposé à aider les Libyens ordinaires ? La France, qui a tant fait pour soutenir M. Haftar, a la responsabilité particulière d’assurer une réponse européenne forte. Les Libyens ont de bonnes raisons de se sentir déçus par la communauté internationale ainsi que par leurs propres dirigeants. Aujourd’hui plus que jamais, ils ont besoin d’un réel soutien.
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