EMême quand il ne joue pas, tous les regards sont tournés vers Antoine Dupont. Alors que le capitaine français semble se rapprocher d’un retour à l’action incroyablement rapide après s’être fracturé la pommette, les espoirs des hôtes de gloire en Coupe du monde à domicile semblent être de retour sur les rails. Les Bleus’ Le joueur vedette a inévitablement été le visage de la compétition, sa renommée grandissante attirant l’attention des médias de tous les secteurs – mais certains d’entre eux ont été très malvenus.
Après la victoire contre la Nouvelle-Zélande lors de la soirée d’ouverture, l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles – qui a notamment soutenu la candidature d’Éric Zemmour l’année dernière – a publié un numéro consacré au rugby : « La France Rugby ». En Une, Dupont et l’acteur Jean Dujardin, protagoniste de la cérémonie d’ouverture, disaient : « Des supporters bien élevés, des joueurs patriotes, des valeurs exemplaires : la recette d’un sport bien ancré et modèle pour la société. »
La publication réactionnaire a ensuite consacré plus d’une douzaine de pages à l’éloge de ce sport, dont un article de Stanislas Rigault, président de la branche jeunesse du parti Reconquête de Zemmour. Il comprenait également les contributions de plusieurs personnalités majeures du rugby français, dont l’ancien président de la fédération Bernard Laporte et l’ancien président du Stade Français Max Guazzini.
Quelques jours plus tard, Dujardin, oscarisé, a répondu via une story Instagram, dans laquelle il a griffonné l’en-tête du magazine. « Oui à La France Rugby, non à vos valeurs. S’il vous plaît, pas de cooptation politique », a écrit l’acteur, une réaction qui a été republiée par Dupont peu de temps après.
La cérémonie d’ouverture de Dujardin, certes remplie de clichés rustiques et surannés de la France, avait été un sujet de discorde en soi, même si l’acteur avait insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un sujet ironique.
L’utilisation de l’image de Dupont était d’autant plus fallacieuse que le demi de mêlée lui-même a clairement rejeté ces valeurs dans le passé. L’année dernière, Dupont faisait partie d’une cinquantaine de personnalités sportives à signer une lettre appelant l’électorat français à rejeter Marine Le Pen avant le second tour de l’élection présidentielle. La lettre ouverte, également signée par Frédéric Michalak et Raphaël Ibañez, plaide que « voter pour un parti qui mettrait en danger les valeurs républicaines serait la pire réponse » aux problèmes auxquels le pays est confronté.
Le toulousain a cherché à sortir de la polémique : « Je pense avoir exposé ma position avec cet acte », a-t-il expliqué lors de la prochaine conférence de presse de France. Alors que le joueur de 26 ans est désormais entièrement concentré sur sa récupération à temps pour les quarts de finale, les retombées de la Une ont suscité des réactions dans tout le rugby et la politique française.
The former Stade Français centre Bakary Meité, speaking to L’Équipea souligné : « Si Sékou Macalou avait été capitaine de l’équipe de France, il n’aurait pas fait la Une. »
Meité fait également un lien avec la réaction raciste qui a suivi une publicité Adidas avant le tournoi, mettant en vedette des jeunes de diverses origines ethniques jouant au rugby en banlieue parisienne, intitulée : « C’est le nouveau rugby ».
Pierre Rabadan, ancien international français aujourd’hui adjoint à la maire de Paris chargé des sports, a déclaré au quotidien sportif qu’il n’était pas surpris de voir l’image de Dupont utilisée à des fins politiques. Pour l’ancien attaquant, la Une était une affaire de « surf » sur le profil du capitaine – « un gars qui s’appelle Dupont, qui vient de la campagne. C’est un terrain fertile pour eux.
Ce n’était pas la première fois que l’ancien joueur mondial de l’année partageait la Une avec Zemmour, étant également apparu en 2021 lors de sa première nomination. Les Bleus capitaine. Selon L’ÉquipeDupont a exprimé sa désapprobation en privé, alors que lui et son entourage avaient auparavant refusé des demandes d’interview de l’hebdomadaire.
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Le rédacteur en chef du magazine, Tugdual Denis, a répondu la semaine dernière par une lettre de plusieurs pages, expliquant qu’il n’y avait aucune intention politique derrière la Une. « Nous vous aimons pour ce que vous faites et qui vous êtes, peu importe pour qui vous votez », dit-il à Dupont et Dujardin, qu’il cite comme exemples du « génie de notre pays ».
Denis déplore néanmoins « la mauvaise foi de ceux qui veulent tout détruire, le procès par l’opinion publique de ceux qui ne cessent de condamner au nom de leur nouvelle morale ».
La tentative à peine voilée du dossier de présenter le rugby comme une alternative « patriotique » au football ne laisse cependant que peu de doutes quant à ses intentions politiques. Dupont, qui ne partage manifestement pas le point de vue du média, aurait facilement pu se passer de cette distraction en pleine campagne de Coupe du monde.
Quoi qu’il en soit, la nouvelle place du rugby sous les projecteurs suscite inévitablement l’attention de tous les bords du spectre politique. L’association de ce sport avec la politique n’est pas nouvelle : plusieurs anciens joueurs ont représenté des partis politiques, tant de gauche que de droite, à la fin de leur carrière. Mais le « nouveau rugby » français s’aventure en terrain inconnu.