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Il y a un moment dans Canne à sucre, un documentaire percutant, où un sujet central raconte ses expériences bouleversantes dans les écoles amérindiennes catholiques du Canada. Il se tait après avoir témoigné devant un ecclésiastique à l'air sombre. La caméra reste avec les deux personnes, nous permettant d'observer des années de douleur dans le visage découragé du survivant et la posture triste de l'auditeur. « Être désolé est la première étape », dit le sujet après que le prêtre s'est excusé pour le rôle joué par l'Église catholique dans les abus envers les populations autochtones. « Il faut agir. »
Au cœur du film puissant de Julian Brave NoiseCat et Emily Kassie se trouve cette question de l'action. Comment agissez-vous face à la violence du passé ? À quoi ressemble la responsabilité ? Le documentaire, présenté en première en compétition à Sundance, tresse trois récits liés à la découverte de tombes anonymes près de la mission St. Joseph, un pensionnat indien près de la réserve de canne à sucre au Canada. Il explore l'histoire de son co-réalisateur Julian et de son père, né dans des circonstances dévastatrices ; fait suite à l'enquête menée par la Première Nation de Williams Lake ; puis s'enchaîne la douloureuse réflexion personnelle de l'ancien chef de la Première Nation, Rick Gilbert.
Canne à sucre
L'essentiel
Aborde avec sensibilité une histoire douloureuse,
Lieu: Festival du film de Sundance (compétition documentaire américaine)
Directeurs: Julian Brave NoiseCat, Emily Kassie
1 heure 47 minutes
Sucre de canne la sensibilité à la douleur constante de ses sujets est l'une des principales réussites du film. NoiseCat et Kassie dressent un portrait touchant d'une communauté qui perdure malgré le génocide colonial.
Le film s'ouvre sur quelques cartons de titre qui établissent efficacement les torts commis contre les habitants de la Première Nation de Williams Lake. Il n'y a pas de têtes parlantes Canne à sucre, ce résumé des faits offre donc une orientation essentielle. En 1894, le gouvernement canadien crée un réseau d'internats gérés par l'Église catholique. Ils ont envoyé des dizaines de milliers d’enfants autochtones dans ces institutions afin, selon leurs mots, d’éliminer le « problème indien ». Cette opération brutale a séparé les enfants de leur famille et les a contraints à se retrouver dans un environnement impitoyable conçu pour les dépouiller de leur culture. Les étudiants ont été régulièrement victimes de violences et beaucoup sont morts en tentant de s'enfuir. D'autres se sont suicidés. Les agressions sexuelles étaient monnaie courante, les prêtres engendrant des enfants dont ils se débarrassaient de manière horrible.
Après la découverte de 93 tombes anonymes en 2021, une équipe de membres de la Première Nation de Williams Lake a ouvert une enquête sur l'école St. Joseph's. Canne à sucre nous présente deux de ses membres — Charlene Belleau et Willie Sellars — et raconte leur mission d'enquête. Ils trouvent des archives de journaux et des dossiers de police détaillant comment les enfants se sont enfuis, comment les bébés nés des étudiants ont été incinérés et comment différentes agences gouvernementales ont collaboré pour dissimuler ces crimes. Ils demandent la reconnaissance du gouvernement canadien actuel, un effort qui a conduit à une salade de mots milquetoast de la part du premier ministre Justin Trudeau. NoiseCat et Kassie incluent des images d'archives de publicités pour ces écoles tout au long du film. Les vidéos granuleuses en noir et blanc montrent des enfants âgés d’à peine 6 ou 7 ans en train de sermonner sur le « comportement civilisé ».
Des entretiens avec des résidents de Williams Lake contribuent à compléter ce récit obsédant et accablant. Grâce à eux, nous comprenons l’impact de ces environnements paroissiaux sur les survivants. Certains d’entre eux n’arrivent toujours pas à en parler, et les cinéastes ne les forcent pas non plus. Canne à sucre est plus intéressé par une enquête émotionnelle sur la responsabilité que par une enquête journalistique.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de reportage, mais cette approche aide le document à se déployer à un rythme réfléchi. L'histoire de Gilbert se démarque dans cette section parce qu'elle est un exemple des complications liées à la confrontation avec l'histoire. Gilbert n'aime pas discuter de ce qu'il a vécu à Saint-Joseph et a du mal à comprendre que son père aurait pu être l'un des prêtres. Pourtant, il semble encore suffisamment dévoué à son catholicisme pour protéger les objets de son lieu de culte lorsque l'annonce des tombes entraîne une recrudescence des incendies d'églises.
Lors de certains premiers entretiens avec d’autres survivants, les gens évitent leurs souvenirs. Il y a de douces confessions de désir d’oublier. Plus tard, lorsque certains participants sont plus disposés à partager, leurs histoires contiennent des similitudes. Les enfants qui ont rapporté ce dont ils ont été témoins ou vécus ont vu leurs témoignages rejetés par les adultes.
Ce déni a eu un impact sur des générations d’Autochtones et ses effets sont visibles dans toute la communauté actuelle. Ces enfants sont désormais des adultes qui luttent pour affronter la douleur de leur passé. Le fil de discussion axé sur NoiseCat et son père, Ed, offre une perspective de guérison et certains des moments les plus poignants de Canne à sucre. NoiseCat encourage son père, né à Saint-Joseph, à en savoir plus sur les circonstances de sa naissance. Dans un premier temps, son père résiste et rappelle à Julian que sa mère (la grand-mère du réalisateur) ne veut jamais en parler. Un road trip à travers le pays mène à une série de révélations sur la relation entre Julian et son père, et dans l'avant-dernière scène du film, les trois se réunissent pour parler. Leur conversation est l'un des moments les plus poignants de Canne à sucre en raison de la façon dont il aborde ce que signifie agir au niveau intergénérationnel.
Canne à sucre aborde son sujet lourd sans désespoir. NoiseCat et Kassie trouvent de l'espoir dans le fait que leur histoire n'a pas de conclusion évidente. Ils se faufilent dans des moments surprenants de légèreté, élèvent leurs sujets et embrassent l'arc émotionnel turbulent de l'enquête sur Saint-Joseph. À la fin, Canne à sucre affirme que si nous voulons un jour remédier aux violences passées et présentes du colonialisme, nous n’avons d’autre choix que d’agir.
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